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Chères Frontenaysiennes,
Chers Frontenaysiens,

Les contes ont plusieurs rôles, cultiver l’imaginaire bien sûr, nous aider à nous endormir parfois mais aussi et surtout nous éveiller à nous-même et au monde extérieur. Les contes nous mettent en présence de toutes les difficultés fondamentales de l’homme et restent d’actualité. C’est le propre du conte !

Le Petit Poucet fait partie de ces contes. Vous connaissez l’histoire, et l’épisode de l’abandon et des cailloux qui permettent au Petit Poucet de revenir à la maison de famille. Les petits cailloux sont un peu comme un fil d’Ariane dans le labyrinthe du Minotaure.

Les cinq plaques dévoilées le 9 mai - Jean MONNET, Jean ZAY, Seiji OZAWA, Alain MIMOUN et Colette BESSON - sont nos petits cailloux, ce fil d’Arianne qui nous permet de retrouver notre chemin, et nos valeurs, dans le dédale des préoccupations nationales et internationales, graves et complexes.

La lutte contre les difficultés de la vie est inévitable et fait partie intrinsèque de l’existence humaine, mais si, au lieu de se dérober, on affronte fermement les épreuves attendues et souvent injustes, on vient à bout de tous les obstacles et on finit par remporter la victoire. Jean MONNET, Jean ZAY, Seiji OZAWA, Alain MIMOUN et Colette BESSON l’illustrent pleinement et chacun, dans son domaine et son combat respecrtif, donne sens à ce poème de Paul Éluard.

« Il y a toujours puisque je le dis

Puisque je l’affirme

[…] une fenêtre ouverte

Une fenêtre éclairée

Il y a toujours un rêve qui veille

[…]

Un cœur généreux

Une main tendue une main ouverte

Des yeux attentifs

Une vie la vie à se partager. » écrit Paul Éluard

Jean Monnet - La conviction

Jean Monnet s’est forgé tôt une conviction sur l’Union Européenne, qui n’est « pas seulement une nécessité géopolitique pour la stabilité de notre continent, mais un message fort d'espoir pour les citoyens qui souhaitent vivre dans la paix et la justice ». Après la guerre, dans un contexte de tensions internationales croissantes, Jean Monnet a le sentiment qu’il est temps de franchir un pas décisif vers l’unité européenne. Il commence donc à travailler sur l’idée d’une Communauté européenne. Ses idées ont inspiré le plan Schuman dont on commémore le 9 mai, le 74e anniversaire de la déclaration. Cette déclaration, dont Jean Monnet fut l’inspirateur, forgeait l’idée qu’en partageant la production de leurs ressources, la France et l’Allemagne, les deux pays les plus puissants du continent européen ne pourraient plus se faire la guerre, « l'occasion d'actualiser l'idée d'une Europe unie enracinée dans une solidarité concrète ».

Visionnaire, Jean Monnet défendit le principe que l’Europe, traumatisée par deux guerres successives, puisse parler d’une seule voix  : « dans un monde multipolaire qui voit la montée de nouvelles puissances, une Union européenne divisée par des querelles internes, incapable de parler d'une seule voix, ne peut que se préparer à payer le prix fort de la marginalisation ».

Le 9 novembre 1988, son compatriote, le président de la République François Mitterrand, rappelle trois leçons de jeunesse de Jean Monnet : « prendre le temps sans dévier du but, s'adapter à son partenaire tel qu'il est, coopérer pour réussir ». Leçons qui deviendront une conviction : « Convaincre les hommes de parler entre eux, c’est le plus qu’on puisse faire pour la paix (…) Cela implique que tous s’attachent à rechercher l’intérêt qui leur est commun. Cette méthode n’est pas naturelle aux hommes qui se rencontrent pour traiter des problèmes nés précisément des contradictions d’intérêt entre les Etats nationaux.  Il faut les amener à la comprendre et à l’appliquer ». 

Ce 9 mai, en cette journée où nous célébrons l’Europe, Jean Monnet nous laisse cette dernière invitation : « Continuez, continuez, il n'y a pas pour les peuples d'Europe d'autre avenir que dans l'union. » Jean Monnet

Jean Zay - L’éducation

« Jean Zay vivra par sa personne, par son œuvre et par son martyre », disait Léon Blum en juin 1947. Jean Zay est assassiné le 20 juin 1944, il y aura bientôt 80 ans, par la Milice, d'une rafale de mitraillette dans le dos. Sa mort est celle du sacrifice au nom des valeurs républicaines. C'est pour les défendre qu'il démissionna de son poste de ministre pour rejoindre l'armée française en tant que sous-lieutenant, « volontaire pour les missions les plus périlleuses et les plus délicates ». Quatre ans plus tôt, le 21 juin 1940, il s'embarqua avec d'autres parlementaires à bord du Massilia pour continuer du Maroc la guerre contre l'Allemagne. Il fut arrêté le 15 août 1940 par le régime de Vichy, incarcéré dans la prison de Clermont-Ferrand, puis en janvier 1941, dans celle de Riom, où les miliciens d'extrême droite vinrent le chercher pour l'exécuter en juin 1944.

Jusqu'au bout, ses lettres, ses notes, son journal de captivité en témoignent, la passion de réformer la République ne l'a jamais quitté. La France lui doit entre autres la paternité de la scolarité jusqu'à 14 ans, du collège unique, du sport à l'école. Ambitieux, il veut étendre la pratique des cours d’éducation physique et lui réserver trois heures hebdomadaires… « J’ai essayé de répondre à la nécessité pour les enfants d’apprendre peut-être un peu moins, mais sûrement mieux. » déclarait Jean Zay en 1936 à propos des premières après-midis en plein air, convaincu qu’il faut « donner à nos jeunes élèves l’impression que, s’évadant en quelque sorte de la discipline de l’enseignement, ils prennent un libre contact avec ce monde où bientôt ils vivront ».

A l'heure où certains tentent de s'approprier au mépris de l'Histoire les valeurs fondatrices de la République, les leçons de Jean Zay s'imposent avec une clarté évidente : «Je n’ai pas besoin de souligner combien le temps présent, dans notre pays en particulier, fait apparaître la nécessité de cet effort… Que chacun puisse dans la cité occuper la place qui lui est destinée, qu’aucune réserve humaine ne soit perdue, c’est dans un pays comme le nôtre (…) une exigence encore plus pressante que dans d’autres ». Jean Zay - le 29 novembre 1937

Seiji Ozawa - La transmission

Transmettre encore et toujours, telle était la passion de Seiji Ozawa. Né en 1935 à Shenyang en Chine, le jeune Seiji se destinait à une carrière de pianiste. Un accident de rugby, alors qu'il est adolescent, lui laisse deux doigts cassés, ce qui met fin à ce rêve. On suggère alors au jeune homme - qui n'avait jamais vu jouer un orchestre symphonique mais qui dirigeait déjà une petite chorale d'amateurs - de se tourner vers la direction. Il a quinze ans et commence à étudier la direction d’orchestre. Neuf ans plus trad, il est en Europe où il remporte le premier prix du Concours de chefs d'orchestre. Sa carrière est lancée, il est tout juste âgé de 24 ans. C’était à Besançon, le soir du 10 septembre 1959 ! Et c’était le début d’une relation privilégiée avec la France. Francophile, il sera élu Membre de l'Académie des Beaux-Arts en juin 2001. Sept ans plus tard, son agenda ne lui ayant pas permis d’être reçu plus tôt sous la Coupole, Seiji Ozawa termine par ces mots son discours de réception : « La première fois que je suis venu dans votre pays, il s’agissait de mon premier voyage en dehors du Japon ; […] J’ai eu ensuite la grande chance remporter le concours de chefs d'orchestre de Besançon, […] Aujourd’hui, je veux remercier du fond du coeur la France qui m’a toujours accueilli si chaleureusement. La France où je me sens chez moi. »

Animé jusqu’au bout par la passion de transmettre Seiji Ozawa crée, en 2004, une académie destinée aux étudiants du monde entier. « J’adore travailler avec les jeunes musiciens… Je n’ai pas à les pousser. Il faut juste trouver entre nous une même respiration… ». Le Pôle musical créé en partenariat avec la SEP Musique et le Conservatoire de Niort Agglo rend désormais hommage à cette passion de la transmission.

Alain Mimoun - L’abnégation

Alain Mimoun s’est battu pour devenir un Français à part entière. Trente-deux titres de champion de France, 12 records de France, 4 victoires dans le Cross des nations et, bien sûr, un sacre de champion olympique à Melbourne en 1956… Berbère, Alain Mimoun, né en 1921 à Maïder, dans l’ancien département d’Oran, avait pour héros Vercingétorix, Jeanne d’Arc et le chevalier Bayard. Il se passionne pour l’histoire-géographie et a de la France une vision fantasmée qu’il se représente sous les traits d’une belle déesse lointaine… qu’il souhaite très tôt rejoindre. Très tôt, il a cette conviction de devenir un Français comme les autres. Le 4 janvier 1939, tout juste âgé de 18 ans, il signe un engagement dans le 6e régiment de tirailleurs algériens. Et c’est en combattant pendant près de sept ans que Mimoun va s’imposer comme un « vrai fils de la France ». Il a participé aux campagnes de Tunisie, puis d’Italie où il sera blessé. Il fait également partie des soldats débarquant en Provence le 15 août 1944… Pourtant, sa « francité » ne semble pas aller de soi après-guerre. Il se fait parfois traiter de « berbère » ou d’ « arabe » et se voit même refuser des soins par le masseur de l’équipe de France alors qu’il est sélectionné pour les JO de Londres de 1948.

S’il reste un « Algérien de cœur », la France, dit-il, est sa « mère patrie ».

Dans son hommage rendu dans la cour des Invalides, le 8 juillet 2013, François Hollande célébrait un champion porté par l’amour de la France, qui courait sur les champs de bataille « pour porter nos couleurs » et sur les pistes des stades « pour faire retentir La Marseillaise. » La route aura été longue pour l’enfant du Telagh. « Une longue et belle vie faite d’endurance, de sacrifices, et de victoires. » François Hollande – 8 juillet 2013

Colette Besson - La détermination

Quatre cents mètres ! Quatre cents mètres, voilà la distance qu’il a fallu à Colette Besson pour atteindre l’Olympe sur les hauteurs de Mexico. Nous sommes le 16 octobre 1968, Colette Besson devient championne olympique ! C’est l’image que nous retenons, celle de son exploit à 9 000 km de son lieu de naissance, Saint Georges de Didonne, à 1800 mètres d’altitude, bien loin des 45 mètres de sa commune d’origine. Il y avait douze ans, depuis Alain Mimoun en 1956 à Melbourne, que la France n'a pas touché l'or en athlétisme.

Cet exploit survient après des années de concentration, de détermination, parfois dans des conditions difficiles.

Ce combat gagné de Colette Besson en appellera d’autres. Honnête, son éhique lui a fait rejeter résolument les propositions illicites et insistantes d’améliorer ses performances. A l’invitation de Marie-George Buffet, ministre de la Jeunesse et des Sports, elle devient en 1989 la première présidente du conseil d'administration du Laboratoire national de dépistage du dopage (LNDD), à Châtenay-Malabry. Elle s’exprime en ces termes : « Il serait très dangereux de considérer le dopage en voie de résorption définitive. Le dopage tue à la fois le sport, ses valeurs et nos rêves. Il semble que la période de honteuse hypocrisie qui a entouré et protégé la pratique du dopage prenne fin », en promettant de mettre toute sa passion et sa détermination au service de cette cause. Athlète d’exception, cette dernière mission, après ses exploits sportifs, a donné sens à sa vie, à sa carrière et à son sport.

Le Petit Poucet nous parle de l'essence et du destin de l'être humain. Jean MONNET, Jean ZAY, Seiji OZAWA, Alain MIMOUN et Colette BESSON, singuliers dans leur histoire, ont su, chacune et chacun dans leur domaine, faire progresser inlassablement, sans répit, sans repos, sans relâche, les valeurs de l’éducation, de la culture, du sport, du progrès, de la justice, de l’affranchissement et de la liberté.

Je profite de cette inauguration pour remercier le personnel communal qui s’est démené pour la préparation et les finitions des espaces que nous venons de dénomer, les associations qui ont été patientes et ont su s’adapter ces deux dernières années. Merci aux entreprises, à Monsieur Baumier, présent ce jour, à l’Etat, au Département et à la CAN qui nous permis de réaliser ces projets en nous apportant des subventions. Au total, à l’échéance de ces rénovations - dont il reste encore à finaliser les abords extérieurs - notre commune aura mobilisé un budget de plus d’un million d’euros - c’est un budget conséquent - en phase, nous semble-t-il, avec les attentes et les souhaits exprimés par de nombreux Frontenaysiens. C’est aussi un patrimoine que nous avons réhabilité pour les générations actuelles et futures

Pour finir, permettez-moi de vous inviter à profiter pleinement de ces lieux, importants pour la vie associative et sportive de la commune, qui sont des lieux de vie et de loisirs, de détente et de rassemblement ouverts à tous.

 

Olivier Poiraud

Maire de Frontenay-Rohan-Rohan