L’installation de Martine HOYAS est visible du mardi au samedi à La Tour du Prince jusqu'au 19 mars.
Chers Frontenaysiennes et Frontenaysiens,
Je vous remercie d'être venus aussi nombreux pour assister à l'inauguration de ces deux squares municipaux, le square Simone VEIL et le square Cécile ROL-TANGUY.
Mes remerciements vont aussi à vous, madame la Conseillère déléguée à la citoyenneté et à votre commission. Vous avez su porter ce projet, avec cœur et détermination.
Permettez-moi de commencer par vous dire combien je me réjouis d’être avec vous aujourd’hui, en cette 45e Journée internationale des droits des femmes, pour rendre hommage à deux femmes du XXe siècle, Simone VEIL et Cécile ROL-TANGUY.
Aujourd’hui, devant les deux stèles dévoilées, nous commémorons ensemble celles et ceux qui ont vécu la tragédie de la seconde guerre mondiale. La commémoration renforce les liens entre les générations. La commémoration est propice à l’enseignement et à la pédagogie tant l'incompréhension du présent naît souvent de l'incompréhension du passé. La présence, cet après-midi de 160 collégiens et des élèves de CM1, avec leurs professeurs et leur principal, témoigne de ce désir de comprendre et de témoigner de ces événements qui ont conduit Simone VEIL et Cécile ROL-TANGUY à refuser la déshumanisation, à résister au mensonge.
Soldats, résistants, déportés, tous ont connu la même épreuve, celle de l’inhumanité. À travers Simone Veil et Cécile Rol-Tanguy, saluons avec force leur courage, leur sens du devoir, leur détermination à rester des êtres humains debout. Albert Camus, dont le collège de Frontenay-Rohan-Rohan porte le nom écrivait : «Si l’homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout»
Simone VEIL et Cécile ROL-TANGUY viennent nous rappeler justement que si des Français ont été déportés et lâchement assassinés, victimes du nazisme et des décisions du gouvernement de l’Etat français, d’autres Français, résistants de la première heure, ont fait l'admiration de tous pour que notre pays demeure une véritable citadelle de la Liberté. Dans son discours de 1995 pour la Commémoration de la "rafle du Vél d’Hiv », Jacques Chirac disait: « Ne rien occulter des heures sombres de notre histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’homme, de sa liberté et de sa dignité ».
Malheureusement, aujourd’hui, le glas de certaines capitales européennes sonne le tocsin de leurs libertés. L’inauguration de ces deux squares en ce début du mois de mars, malgré les leçons de l’histoire, nous renvoie aux événements qui se déroulent actuellement sur le continent européen et nous rappelle que toute haine n’a malheureusement pas disparu et qu’au moindre prétexte fallacieux, elle est prête à resurgir sous des formes nouvelles. Dans la période troublée de 1939-1945, François Mauriac écrivait dans la clandestinité des mots qui prennent à nouveau aujourd’hui tout leur sens : « Le mépris de l’homme, écrivait-il, est nécessaire à qui veut abuser de l’homme (…). N’entrons pas dans leur jeu : que notre misère ne nous aveugle jamais sur notre grandeur. Quoique nous observions de honteux autour de nous …, ne nous décourageons pas de faire crédit à l’homme. Il en va de notre raison de vivre. »
Aujourd’hui plus qu’hier, il nous faut prendre le relais du travail des témoins de cette période sombre de notre histoire. Le relais de Simone VEIL dont chaque parole était mesurée et cultivée, ciselée et pesée. Le relais de Cécile ROL-TANGUY dont les mots témoignaient sans vanité aucune la puissance de la fidélité à l’engagement premier et qui disait lors de son passage à Thouars en 2014: « Je représente celles qui ont résisté, ont été déportées ou torturées. J’ai à coeur de faire connaître tout ça ». L’amitié fidèle au-delà des années. «Cette Amitié, émanation de l’âme. C’est quelque chose que l’on sent. On ne la donne pas en échange d’un autre don». Ces mots de Graham Greene illustrent parfaitement le « vivre ensemble » que nous souhaitons chaque jour entre tous les Frontenaysiens et particulièrement un jour comme celui-ci !
« Ne meurent que ceux dont on ne souvient plus » (Rigord - 1207). Puisse ces deux squares, lieux de détente et de joie, témoigner du destin exceptionnel de ces deux femmes du XXe siècle, Simone VEIL et Cécile ROL-TANGUY, et rappeler à tous ceux qui s’y arrêteront, pour un instant de lecture ou simplement une pause récréative, la force de leur combat pour un monde paix, de solidarité et de liberté.
Olivier Poiraud - Maire de Frontenay-Rohan-Rohan